On se souvient tous de la
montée de bouclier citoyenne face à l'intrusion des OGM en culture
de plein champ. Politiques, médias, y sont allés de concert pour
dénoncer la dangerosité face à l'absence de garde-fou de ces
semences à la pollinisation incertaine et aux conséquences
douteuses. La firme multinationale Monsanto a été le fer de lance
de cette industrie agroalimentaire nauséabonde et s'est vu placée
comme le diable à abattre par les défenseurs des semences libres et
paysannes. Malgré l'autorisation de quelques produits dans l'Union
Européenne, la bataille a été gagné en partie grâce à une
interdiction nationale de cultiver les OGM en France. En partie
seulement puisque du bétail continue à être nourri via des
végétaux génétiquement modifiés et des traces peuvent être
décelées sur certaines de nos denrées alimentaires.
Quid
de la mutagenèse ?
Le citoyen lambda n'en
sait rien ou si peu. Sommes-nous abasourdis par la multitude de
combats à mener de front ? Pensons-nous naïvement que tout
comme les gaz de schiste, la bataille est déjà gagnée ?
Bien pire, la firme
Pionner (à visionner le film « We feed the world ») a su
mener campagne pour que ses inventions agronomiques ne soient surtout
pas répertoriées comme des OGM... D’où la différence, profonde
selon eux, entre transgenèse et mutagenèse.
La transgenèse est une
manipulation génétique, où les scientifiques ponctionnent des
fragments d'ADN d'un ou plusieurs sujets donnés pour l'intégrer à
une plante. Ce fut le cas du tristement célèbre maïs Bt dans
lequel des particules du Bacillus thuringiensis ont été injecté
afin de soi-disant lutter contre la pyrale du maïs.
Quant à la mutagenèse
qui bénéficie d'un flou sémantique elle décrit une mutation
naturelle de certains végétaux depuis la nuit des temps. Définition
rassurante reprise par certains « journalistes » en
guise d'introduction afin de discréditer toute opposition à cette
technique culturale nouvelle sauveuse de l'humanité et de sa faim
(fin?) !
Une autre version la
définit comme une sélection génétique dirigée ou aléatoire par
bombardements de radiations et/ou d'herbicides ou autres produits
(colchicine) en peu de générations. Les graines, le pollen et
toutes cellules résistantes à ces traumatismes sont ensuite
sélectionnés puis multipliés afin de créer une semence stable et
résistante aux herbicides. Mais tout comme pour la transgenèse, les
conséquences sur l'environnement restent inconnues et l'absence de
classification volontaire sur la liste des OGM en ont fait une
culture de plein champ, notamment pour le tournesol en cette année
2012 et l'année prochaine le colza. Alors que suivant cette
définition, il est invraisemblable de ne pas considérer ses
nouvelles plantes comme des Organismes Génétiquement
Modifiés !
Les quelques personnes
opposées à de telles techniques culturales comme Guy Kastler
passent pour des empêcheurs de semer en rond, toujours là pour
livrer bataille contre le progrès et la technologie.
D'autant plus qu'il
existe une ombre au tableau à savoir que de nombreuses semences
issues de mutagenèse se retrouvent dans le circuit de l'agriculture
biologique. Il est cependant difficile à croire que les techniques
utilisées par Pionner, à savoir l'utilisation de radiations et
d'herbicides soit les mêmes pour les sélections de semences
calquées sur le cahier des charges de l'agriculture biologique.
Rappelons que par la
diversité des semences anciennes et des techniques culturales
ancestrales et en devenir (semi direct, BRF,...), nous n'avons pas
besoin des OGM, nous avons déjà tout pour nourrir le monde
nous-même !
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